Une grande cantatrice de chez nous

Author: Lilia / Labels:

Faisant partie de notre histoire, voici une grande chanteuse qui connu une longue et brillante carrière internationale. Elle était une véritable star à son époque.

Née Marie-Louise-Cecilia-Emma Lajeunesse, elle voit le jour à Chambly le 1er novembre 1847 et fut élève au Couvent du Sacré-Coeur de Montréal.
C’est son père, musicien talentueux, qui lui donna sa première formation musicale. À sept ans, elle fit une première apparition publique au Mechanics’ Hall, à Montréal, devant un auditoire de la bonne société de la ville. À 15 ans, elle se vit offrir, par le vicaire-général Conroy (qui sera plus tard évêque d’Albany, N.Y.), un poste d’organiste à Saratoga Springs. Elle oeuvra également durant trois ans comme professeur de chant et de piano au couvent du Sacré-Cœur de Kellwood.

Grâce à des économies durement gagnées, et avec l'appui de son père, elle travèrse par la suite l'océan pour aller faire des études musicales auprès de grands maîtres à Paris et à Milan. Après avoir étudié avec eux, elle fait ses débuts en mars 1870 , à 21 ans, à l'opéra de Messine en Sicile, où elle interprète «La Somnambula» de Bellinipuis. Par la suite, elle est engagée en 1872 au Covent Garden à Londres où elle chante presque chaque saison jusqu'en 1896. Dès le premier soir, elle conquit, semble-t-il, le coeur des londoniens.

Elle chante dans plusieurs pays et devient une idole de la scène lyrique. Elle s'attire les faveurs de la reine Victoria. Elles deviennent même amies et la reine la comble d’honneurs; son génie fut alors officiellement reconnu de par le monde. Après l’avoir entendue dans «Lohengrin» à Berlin en Allemagne, l’empereur Guillaume Ier la créa première cantatrice de sa maison royale.

Le 6 août 1878, elle épouse Ernest Gye, directeur de théâtre. Le couple a un fils, Frederick-Ernest Gye, l'année suivante. Il deviendra plus tard diplomate.

En 1883, au sommet de sa gloire, la soprano donne enfin un concert à Montréal, après 20 ans d'absence. À son arrivée, selon les journaux de l'époque, dix mille personnes l'attendent à la gare Windsor et Louis Fréchette, fidèle à ses habitudes, récite une longue pièce en vers écrite en son honneur. Elle a 36 ans.

En 1897, elle reçut la médaille d’or Beethoven de la Société philharmonique de Londres. Il s’agissait d’une «mark of appreciation by the Society of her exceptional genius and musical attainments, and of her generous and artistic nature ».

Elle abandonne la scène en 1912, mais doit continuer à travailler, à cause de mauvais placements de son mari; elle et se consacre à l'éducation de jeunes artistes de talent. Elle décède à Londres le 3 avril 1930, à l'âge de 83 ans, après une longue maladie.

Lors du cinquantième anniversaire de sa mort en 1980, le Canada a émis un timbre-poste en son honneur (voir image plus bas).

Elle apparaît aussi sur un vitrail dans la station de métro Place-des-Arts à Montréal.


«Madame Albani, dit un journal anglais, restera célèbre non seulement comme cantatrice, mais comme une femme qui a conquis et gardé pendant toute sa longue carrière l’affection et l’estime des multitudes d’amis et d’admirateurs dans le monde entier. Elle restera l’une des plus brillantes figures musicales du vingtième siècle.»

«Elle fit honneur aux siens et fut compatissante pour les misères des autres, elle encouragea de son influence et de ses deniers les jeunes talents musicaux, elle nous fit partager les honneurs qui rejaillirent sur elle, elle ajouta un glorieux joyau à la couronne artistique canadienne».
(Texte publié dans La Presse le 5 avril 1930)

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